Les défis fous de M. Van Crombrugghe
Adepte d’alpinisme et de grands frissons ? Adepte d’art et poésie ? Ou tout simplement grand(e) fan de Monsieur Vancrombrugghe ? Cet article est pour toi ! Expressions a interviewé M. Vancrombrugghe, alias M. Éric pour les intimes, sur l’une de ses expéditions en France. Son défi : de l’alpinisme sur des cascades gelées… Rebondissements au rendez-vous ! (vidéo en bas de page)
eXXpressIIIons : Depuis quand faites-vous cela ?
M. Van Crombrugghe : C’est mon père qui m’a motivé quand j’avais quatre, cinq ans, on commençait à se balader dans la montagne, il nous a tiré mes frères et sœurs et puis plus tard on a fait des formations avec le club alpin belge, il n’y a pas de montagnes en Belgique mais il y a un super club. On a commencé l’escalade dans les falaises ici au bord de Meuse il y a des supers falaises qui sont quand même grandes puis, assez régulièrement, j’ai continué les formations pour avoir plus de technique, j’ai suivi des cours, tout ça. Après mes études j’ai continué une formation pour devenir guide de montagne et j’ai fait la première année que la Belgique propose. Enfin c’est pas tout à fait vrai, il y a une deuxième année, et puis tu dois d’office aller en France, à Chamonix pour terminer l’école, dans un vrai site de montagne quoi.
Depuis quatre ans, je commence à réaliser des projets plus sérieux, parce que petit à petit, on se forme avec ses partenaires. J’ai trouvé des gens avec qui je peux rêver de la même chose.Et donc, on se met en situation de sauvetage, on apprend ce qu’il faut faire en cas d’éraflures, de chute de cailloux sur la tête de l’autre, ou de petite absences, ou alors aussi comment pallier à la fatigue, comment gérer le camp de base quand on est coincé dans la tempête, ou tout simplement aussi quand tout se passe bien, ce qu’il faut prendre pour rester cinq jours en montagne.
Et donc on se regroupe par quatre personnes, et on se confronte avec quelque chose d’à chaque fois un petit peu plus dur. Cette fois-ci donc c’était une cascade en double chandelles superposées, niveau technique un peu plus dur.
eXXpressIIIons : De vraies expéditions ?
M. Van Crombrugghe : Expéditions oui parce qu’en fait, on fait toujours le minimum de frais pour s’obliger à être en autonomie dans la montagne. Tu rentres dans la montagne, tu portes tout ton matériel pour survivre jusqu’au samedi d’après. Bon, t’as pas vraiment de relations avec les gens du coin évidemment, c’est une montagne enneigée, inaccessible ; tu laisses les voitures puis alors tu marches un bout de chemin et tu décides à un endroit de mettre la tente de camp de base dans une vallée où tu as plusieurs objectifs possibles. C’est là dedans en fait qu’on escalade, donc c’est quand même un assez grand risque de chutes de pierres, de glaces et de neige. C’est pour ça qu’on part vers les versants Nord qui subissent le moins les changements de températures. Ils sont toujours à l’ombre donc il fait froid. Il faut du matériel très sérieux.
Donc partir très tôt, c’était ça que je voulais dire. La nuit évidemment il gèle, donc tout se fige dans cet endroit à dangers ; tu te lèves à 4h du matin, tu prépares ton matériel le jour précédent, tu déjeunes, tu pars, à 5h du matin, c’est bien que tu aies au moins deux heures avant le levé du soleil pour avancer vers le début de la cascade dès qu’il y a de la lumière tu es déjà en train de planter des piolets. Au niveau du matériel pour escalader la glace, c’est spécial, vous verrez sur les photos, c’est vraiment des outils de… je ne sais pas quelle référence… Vous connaissez, Edouard aux mains d’argent ? On prolonge nos mains, nos pieds avec des outils pointus acérés donc on n’a plus qu’une lame et une sorte de marteau dans chaque main que tu vas garder plus libre parce que, tu escalades, tu plantes le piolet, tu dois dégager ta main donc le piolet reste dans la glace et tu dois aller chercher à ton baudrier, des broches à glace que tu dois visser dans la glace pour pouvoir t’assurer. Tu t’élèves, mais il y a des cascades qui font plus de 300 mètres de nivelés et donc tu montes et tous les trois/quatre mètre tu dois mettre une broche pour aller mettre ta corde accrochée à la glace. En cas de chute, ben tu dépasses la garde, tu continues à escalader , tu fais 4 mètres de plus et tu dois trouver un endroit pour mettre la broche à glace, si tu lâches à cet endroit là, ben évidemment, tu n’as pas encore mis ta broche, tu es soutenu par la broche qui est 4 mètres plus bas et tu tombes un total de 8 mètres avec des crampons à tes pieds qui ont des pointes, tes piolets que tu ne dois pas perdre parce qu’alors ils tombent au fond de la cascade et alors, si tu n’as plus tes piolets, il y a toujours des solutions pour descendre mais tu ne peux plus continuer à monter. Et si tu tombes aussi, tu dois trouver une solution pour éviter ton partenaire qui t’assure. Si tu devais lui planter un crampon dans la nuque, il ne sait plus t’assurer et vous tombez tous les deux. Il y a des solutions qui sont toutes sécurisantes, pour éviter ça, tu escalades un petit peu en diagonale comme ça si tu chutes, tu l’évites et si tu envoies des morceaux de glace aussi parce que tu es en train de « resculpter » la cascade et là on peut dire que c’est vraiment comme de l’art.
Donc, avant de s’engager dans des trucs comme ça tu regardes bien le jour d’avant à la lumière, tu vois si la cascade est bien attachée à la roche en haut parce qu’on a fait cette année des cascades qui étaient en « carotte », qui se dégageaient complètement de la roche, qui étaient de grands cigares verticaux et qui venaient alors s’attacher sur la roche en-dessous. Donc c’est juste des espèce de « collages » et il faut que le tout soit complètement soudé à la paroi. Et on a fait… On a fait des choses incroyables.
Marie Chauderlot, Eva Seifarth
Bah, qui prouve que c’est bien lui sur les photos?? L’année prochaine je mets des photos de moi en expédition en Indonésie à la rencontre des terribles Dragons de Komodos, et tout le monde n’y verra que du feu! Ami lecteur ne sois pas dupe! On fait ce qu’on veut avec les photos de nos jours :-)))
Impressionant tout ça! En plus, je ne savais pas que M. Éric faisait de l’alpinisme. Ce prof(esseur) est vraiment génial. Heureux de l’avoir eu mais triste que ce n’était que pour deux ans…